1.     Les produits crus

 
Si la consommation de produits crus présente de nombreux avantages (préservation des enzymes, des vitamines etc.), elle comporte aussi un certain nombre de risques qu’il convient de prendre en compte dans ses choix alimentaires. Les produits crus, et en particulier les produits d’origine animale, sont en effet une source potentielle de contamination par des virus, des bactéries et des parasites intestinaux (vers et protozoaires).



coeur de boeuf cru
source : http://flickr.com/, auteur : stephen burch


Dans son numéro du 5 mars 2001, le « Journal of American Veterinary Medicine » publie les résultats d’une étude vétérinaire menée sur la sécurité sanitaire des aliments ménagers pour animaux. L’analyse de trois rations ménagères à base de viande crue a ainsi révélé une très forte concentration de bactéries (de 45000 à 760000 selon les rations). Ces trois rations étaient exemptes de salmonelles, mais l'une d'entre elles était porteuse de la dangereuse bactérie E-Coli O157:H7.
Les auteurs de cette étude soulignent avec raison que les risques liés à la prolifération des bactéries, en particulier pour les propriétaires, ne doivent pas être négligés dans les maisons où vivent des personnes immunodéprimées (nourrissons, personnes porteuses du VIH ou atteintes d’une maladie affectant les défenses immunitaires).


Les usagers des régimes à base de viande crue affirment que le système digestif d’un carnivore en bonne santé est parfaitement apte à faire barrage aux mauvaises bactéries, en raison de l’acidité de son milieu gastrique. Bien que cette théorie soit plausible (l’être humain lui-même a un milieu gastrique très acide qui le protège de la plupart des bactéries ingérées), elle n’a été validée par aucune étude vétérinaire. La pratique démontre néanmoins qu’un chien qui ingère de la viande avariée n’en tombera que rarement malade (essayez un peu de faire pareil pour voir…).


huile de saumon et vinaigre de cidre : en alimentation crue, le vinaigre de cidre est fréquemment incorporé à la ration pour renforcer l'acidité du milieu gastrique
 

En moyenne, 50% des parasites internes (vers et protozoaires) infestent leur hôte par le biais de l’alimentation. Le reste des contaminations se fait par le milieu (contact avec des matières fécales souillées, ingestion de puces, piqûres de moustiques). Il existe un paradoxe à vouloir opérer un choix alimentaire qui préserve totalement le chien d’une contamination par des parasites internes. En effet, la viande crue est plus facilement porteuse de parasites à l’état d’œufs ou de larves que les aliments cuits, tout simplement parce que la cuisson détruit l’immense majorité des parasites potentiels. En revanche, la digestion de la viande crue s’effectue en 3 à 6 heures, contre 10 à 15 heures pour des aliments cuits (en raison de l’absence d’enzymes alimentaires). Autant dire que les parasites éventuels ont peu de temps pour « faire leur nid » dans le système digestif des carnivores nourris au cru, si bien que la plupart de ces parasites (mais pas tous) seront évacués dans les déjections avant d’avoir eu le temps d’atteindre le stade adulte ou de s’accrocher aux parois de l’intestin. A l’inverse, le risque de contamination par des parasites internes avec des aliments industriels cuits est proche de 0. En revanche, lors d’une contamination par le milieu, le risque de prolifération parasitaire dans l’organisme du chien est maximal car la lenteur du processus digestif favorise le développement des parasites, qui se nourrissent des débris alimentaires dans lesquels ils stagnent. En conclusion, le seul et unique moyen de protéger efficacement son chien d’une infestation par des parasites intestinaux est de le vermifuger régulièrement avec un vermifuge à large spectre (jusqu’à trois fois par an pour un chien adulte nourri avec de la viande crue lorsqu’aucun vermifuge naturel ne lui est administré).



foie de boeuf cru
source : http://flickr.com/, auteur : this year's love


Les virus représentent la toute première forme de vie apparue sur la terre et font preuves d'une capacité d'adaptation qui rend impossible leur éradication totale. Ils sont plus difficiles à combattre et à identifier que les bactéries et les parasites, car ils sont en évolution constante. Ils mutent fréquemment, s'adaptent au milieu et provoquent brusquement des pics épidémiques, avant de se mettre en sommeil... puis de réapparaître alors qu'on les croyait définitivement disparus. Même s’il existe des exceptions, la plupart des virus sont détruits par la cuisson.
Il est important de connaître les principales affections parasitaires, bactériennes et virales en lien avec les aliments crus ou peu cuits, afin de pouvoir en reconnaître les symptômes et les traiter rapidement le cas échéant.

Les principales maladies parasitaires
La trichinose :
Le porc cru est un vecteur possible de la trichinose, maladie potentiellement mortelle liée à l'infestation par une espèce de vers ronds appelés trichures. Un chien infecté peut transmettre ce parasite à l'homme par le contact avec les selles infectées.
L'hydatidose :
Le porc, le mouton et le boeuf peuvent transporter un vers plat appelé taenia hydatigera, dont l'infestation provoque une maladie grave appelée hydatidose. Un chien infecté peut transmettre ce parasite à l'homme par le contact avec les selles infectées.

source : http://flickr.com/, auteur : per ola wiberg - powi
 
L'échinoccocose :
Les abats de boeuf et de mouton sont quant à eux potentiellement porteurs de larves de taenia échinoccocus, dont l'infestation non traitée aboutit à l'échinoccocose (formation de kystes au niveau des organes internes). Un chien infecté peut transmettre ce parasite à l'homme par le contact avec les selles infectées.
La coccidiose :
Plusieurs espèces d'herbivores (mouton, boeuf, cheval, volaille etc.), si elles sont élevées ou abattues dans de mauvaises conditions d'hygiène, peuvent également être porteuses de coccidies, dont l'infestation aboutit à la coccidiose, maladie fréquemment mortelle chez les chiots. Un chien infecté peut transmettre ce parasite à l'homme par le contact avec les selles infectées.
L'anisakiase :
Certains poissons crus, comme le saumon, la sardine, le hareng, le lieu noir ou le maquereau sont potentiellement porteurs d'un parasite interne appelé Anisakis, ou « ver du hareng », pouvant infester votre animal. La majorité des larves d'Anisakis vivant dans la cavité abdominale du poisson, le risque de contamination est faible s'il a été préalablement éviscéré. Sachez aussi que ce ver est détruit par une congélation de 24 heures à une température de -20°. La solution pour s'en prémunir peut donc être de congeler le poisson préalablement à sa consommation. Ce parasite est présent en Mer du Nord, dans la Manche, dans l'Océan Atlantique et sur les côtes de l'Extrême Orient. Les symptômes de l'anisakiase sont des douleurs abdominales, des nausées et des troubles du transit intestinal. Cette infection peut toucher l'ensemble des mammifères.
La neosporose :
La neosporose est une maladie causée par un protozoaire appelé Neospora Caninum. Souvent silencieuse chez le chien adulte, elle se manifeste chez les chiots entre 4 et 10 semaines par des symptômes neuro-musculaires (paralysie progressive et hyperextension des membres postérieurs). Les chiots sont généralement contaminés in utero ou lors de l'allaitement, lorsque la chienne est elle-même porteuse du parasite. Un avortement spontané survient fréquemment en fin de gestation. La contamination se fait par le contact avec les selles d'animaux contaminés ou par l'ingestion de viande de boeuf crue contaminée : une congélation de plus de 24h à une température de – 20° détruit le parasite. Aucun cas de transmission à l'homme n'a jamais été répertorié.

Les principales maladies bactériennes
Si vous avez opté pour une alimentation crue, vous avez sans doute déjà entendu dire que la viande crue contenait fréquemment des micro-organismes appelés E-Coli, salmonelles ou campylobacters (notamment les hélico-bacilles). Ces micro-organismes sont des bactéries. La zone thermale de prolifération des bactéries se situe entre 4° et 60°, d'où l'importance de conserver les produits crus dans un réfrigérateur correctement réglé (3° à 4° de température intérieure). Si seule la cuisson tue les bactéries, la congélation ralentit et peut même arrêter leur multiplication.
La salmonellose :
Il s'agit d'une maladie potentiellement mortelle pour l'homme, causée par une bactérie appelée salmonelle. Cette bactérie se rencontre dans de nombreux produits crus. Elle contamine facilement la viande de volaille crue, les fruits et légumes crus et leur jus, les oeufs crus, le lait cru et ses dérivés, et certaines friandises industrielles pour animaux. 30% des chiens seraient des porteurs sains de salmonelles. C'est dire que cette bactérie représente un risque pathologique minime pour le chien lui-même, qui développe rarement la maladie, mais plus important pour les êtres humains qui partagent sa vie. Vous avez très certainement déjà été en contact avec des salmonelles sans le savoir, mais n'avez pas pour autant développé de salmonellose. Cependant, le risque de contracter cette maladie est beaucoup plus élevé chez l'être humain que chez le chien. D'où l'importance de respecter certaines règles d'hygiène au quotidien, comme se laver les mains à l'eau chaude et au savon après avoir été en contact avec la salive de votre chien (coups de langue, poils souillés, jouets etc.) ou ses aliments, qu'il s'agisse d'aliments industriels humides (la contamination peut avoir lieu après ouverture) ou de produits frais crus.

source : http://flickr.com/, auteur : kool_skatkat
La Escherichia-Coli (dite E-Coli) :
Il existe plusieurs souches de cette bactérie, qui sont pour la plupart inoffensives. Certaines d'entre elles sont naturellement présentes dans l'organisme et les tissus des animaux. Lorsqu'on parle de contamination par la E-Coli, on fait généralement allusion à la souche hautement pathogène E-Coli O157:H7, qui provoque chez le chien et l'homme des hémorragies intestinales pouvant conduire à la mort. La fréquence de contamination de la viande crue, essentiellement de boeuf, est très faible. Mais la dangerosité de cette bactérie doit conduire à n'acheter que de la viande de toute première fraîcheur, n'ayant pas ou peu voyagé avant d'arriver sur l'étalage de votre boucher et destinée à la consommation humaine.
La Campylobacteriose et l'infection à helicobacter :
Ces deux infections sont causées par des bactéries de la famille des Campylobacter. Si la campylobactériose, dont les symptômes sont ceux d'une grosse grippe, est rarement fatale, l'infection à helicobacter pylori serait la cause directe des ulcères gastriques et des cancers de l'estomac chez l'homme. La communauté scientifique estime aujourd'hui que 50% de la population humaine mondiale est infectée par cette redoutable bactérie. Les campylobacter se trouvent dans le système digestif de la majorité des volailles, des bovins, des porcs, des chiens et des chats. Concernant le chien, une enquête vétérinaire a abouti à la conclusion que 80% des chiens, quel que soit leur mode d'alimentation, étaient porteurs d'helicobacter. Seul un faible pourcentage de ces chiens infectés aurait développé des gastrites. L'étude a par ailleurs démontré que l'élimination totale de la bactérie par des antibiotiques était possible... mais qu'elle ne faisait pas disparaître les gastrites pour autant. Chez les chiens, les hélico-bacilles ne semblent donc ni être liés à l'ingestion de viande crue, ni constituer un danger identifié pour leur santé. Chez l'être humain, les risques de contamination sont quasi nulles passé l'âge de 10 ans.
La Listeriose :
La listeriose est la conséquence d'une infection par des bactéries de type Listeria. Les bactéries Listeria sont très répandues dans le milieu extérieur. Seules deux d'entre elles sont pathogènes pour l'homme et l'animal : listeria ivanovii et listeria monocytogenes. La listeriose est une inquiétude constante du consommateur. Elle est pourtant beaucoup moins virulente que la salmonellose, les infections aux campylobacter ou à l'E-Coli. La listeria peut se développer partout, mais elle a une nette préférence pour les charcuteries crues et cuites, les graines germées crues, les produits de la mer et les préparations laitières à base de lait cru. Ces aliments ne faisant en principe pas partie de son régime alimentaire (à l’exception parfois du poisson), le chien n’est que peu ou pas concerné.
La maladie d'empoisonnement au saumon ou douve du foie de saumon :
Cette maladie est causée par une bactérie appelée Neorickettsia helminthoeca, elle-même véhiculée par le trematode paramphistomata ou douve du foie de saumon, parasite interne transporté par des mollusques, des insectes aquatiques et certains poissons. Ces hôtes intermédiaires sont des porteurs sains. La douve du foie de saumon est localisée sur la Côte Ouest des Etats Unis, raison pour laquelle on recommande souvent de ne jamais donner à un chien de saumon rose du Pacifique sans le cuire. Fréquemment mortelle, la maladie se développe chez les canidés comme le renard, le coyote et le chien. Elle se manifeste de deux à trente jours après l'ingestion de la chair crue de l'hôte intermédiaire (poisson contaminé) et provoque des poussées de fièvre, une anorexie et des diarrhées sanguinolentes avec des phases de rémission trompeuses. En l'absence de traitement, elle aboutit au décès de l'animal dans 90% des cas. La cuisson élimine cette bactérie. Concernant les effets de la congélation sur le parasite vecteur de la maladie, le Docteur vétérinaire américain William J. Foreyt, professeur au département de Microbiologie et de Pathologie Vétérinaire de l'université de l'état de Washington a établi qu'il devenait inactif au bout de 14 jours à – 20° et qu'aucun signe clinique de la maladie n'apparaissait alors chez le canidé ayant consommé le poisson initialement contaminé.

Les principales maladies virales
Il serait ici impossible de parler de tous les virus susceptibles de contaminer un chien par le biais des aliments ingérés. Vous trouverez ci-dessous l’essentiel de ce que vous devez savoir afin de prendre les précautions sanitaires qui s’imposent lorsque vous constituez les menus de votre chien. 
La maladie d'Aujeszky :
Il ne faut en aucun cas donner du porc cru à votre chien si vous habitez le continent européen : les porcs européens peuvent être les porteurs sains de la maladie d'Aujeszky, pathologie neurologique heureusement très rare mais mortelle, qui se transmet au chien par l'ingestion de viande de porc crue contaminée. Si le cheptel des porcs français a été déclaré indemne de cette maladie depuis plusieurs années déjà, l'Ecole Nationale Vétérinaire de Maison-Alfort publie en 2004 un rapport sur la transmission possible de ce virus des sangliers sauvages aux porcs domestiques. Les élevages de porcs en plein air, même correctement clôturés, ne permettent jamais de garantir l'absence totale de contact entre les suidés sauvages et domestiques. Or, l'émergence de cette infection est bien réelle chez les sangliers sauvages. Les symptômes de la maladie d'Aujezsky chez les canidés sont semblables à ceux de la rage muette (paralysie, agueusie), d’où son autre nom de « pseudo rage ». L'homme n'est pas sensible à ce virus. Dans la mesure où il n'existe aucun traitement à cette maladie, fatale au chien dans 100% des cas, il est indispensable d'être particulièrement vigilant quant à la distribution de viande de porc à son chien. Il existe quantité d'autres viandes présumées sûres, il est donc inutile de courir un risque aussi important pour la vie de votre animal.
Les épizooties :
Le terme épizootie est un terme générique pour désigner une épidémie touchant une ou plusieurs espèces animales. Lorsque certains virus donnent lieu à des épizooties, les risques liés à ces dernières sont à prendre au sérieux, pour notre alimentation comme pour celle de nos animaux domestiques. Après avoir connu la fameuse crise de la vache folle (rappelons au passage que le prion est une protéine codant un gène et non une bactérie ou un virus, et que la cuisson ou la congélation n'a a priori aucun effet sur lui), l'espèce humaine voit arriver l'épizootie de la grippe aviaire, puis de la grippe porcine. Qu'en est-il des risques pour nos compagnons à quatre pattes ?
Le virus de la grippe porcine AH1N1 a déjà fait l'objet de plusieurs études et observations quant à sa prévalence parmi les carnivores domestiques de type chiens, chats ou furets : aucune d'entre elle n'a démontré de possible transmission de ce virus du porc au chien ou du chien à l'homme, même si la mutation du virus reste théoriquement possible. En revanche, des cas de contamination du chien... par l'homme ont été rapportés. Les symptômes sont essentiellement respiratoires : toux, écoulement nasal, fièvre, éternuements. Afin de lever toute inquiétude chez le consommateur, il n'existe aucun risque de contamination par l'ingestion de viande de porc cuite ou crue, car ce virus se transmet uniquement par voie respiratoire.
Le mode de transmission de la grippe aviaire est tout à fait différent. Tout d'abord, précisons qu'il n'existe pas un mais plusieurs virus de la grippe aviaire. Celui qui inquiète les autorités sanitaires par sa virulence et sa capacité à se transmettre à l'homme est le H5N1. Le H5N1 se trouve dans tout l'organisme de l'oiseau infecté : les organes, la chair, la peau, les plumes, ainsi que dans tout ce qu'il excrète (déjections, salive, oeufs etc.). En milieu naturel, le virus survit 4 jours à une température de 22°, 30 jours dans une eau à 0° et 40 jours dans la fiente des oiseaux contaminés. Le virus étant très résistant aux basses températures, la congélation n'a aucun effet sur lui et n'est donc pas une solution pour l'éradiquer. A l'inverse, ce fameux virus meurt lorsqu'il est exposé plus de cinq minutes à une température de 60°, ou plus d'une minute à une température de 100°. Le principe du BARF, du Raw feeding ou autres régimes à base de viande crue, exige cependant que la viande et les abats soient donnés crus à nos carnassiers domestiques.

                 
                                           Vitydoudou, à Mm Brocard

Alors, que faire ? A priori, le chien n'est pas menacé par ce redoutable virus : aucun cas de chien contaminé n'a été rapporté jusqu'à présent et aucun test n'a démontré de façon formelle une sensibilité du chien à une quelconque forme du virus de la grippe aviaire. En fait, si le chien devait finalement s'avérer sensible à une des formes du virus, il ne pourrait probablement l'être qu'au H3N8, une forme faiblement pathogène et présente uniquement dans les voies respiratoires et le tractus gastro-intestinal des volailles et non dans les muscles ou la peau de l'animal. Quoi qu’il en soit, vous n’avez aucune raison de priver votre compagnon de ces protéines animales de qualité si vous habitez dans un pays non touché par l'épizootie ou faisant l'objet d'un contrôle sanitaire rigoureux, comme c'est le cas de la France, par exemple. Pour votre sécurité personnelle, en revanche, n'achetez que des volailles déjà plumées.

                                                       

Il est donc important de nettoyer et désinfecter après chaque repas du chien les surfaces et ustensiles ayant été en contact avec des produits carnés crus : s’il est probable que le chien soit relativement peu exposé aux bactéries comme la salmonelle, l'être humain, lui, y est plus sensible; il est donc nécessaire de ne laisser aucun foyer d'infection possible dans sa cuisine. N’oubliez pas non plus de soigneusement vous laver les mains après contact avec de la viande ou du poisson cru.


source : http://flickr.com/, auteur : mikebaird

Il est également primordial de s'informer sur les risques potentiels de zoonoses (maladies animales transmissibles à l'homme) et autres infections liés à la consommation de tel ou tel type de produit animal avant de décider de le donner à son chien. Ceci afin d’éviter les micro-organismes les plus dangereux et de pouvoir identifier rapidement les symptômes d’une éventuelle contamination par l’alimentation. Sachez tout de même que les risques de contamination sont faibles si vous choisissez toujours des produits garantis frais. N'oubliez pas que votre boucher et votre poissonnier sont garants de la sécurité sanitaire des produits qu'ils vous vendent, surtout lorsqu’ils sont destinés à votre propre consommation. Sauf si vous êtes végétarien depuis votre plus tendre enfance, vous avez très probablement déjà mangé des sushi, un carpaccio de saumon ou un steak tartare et cela n’a pas eu de conséquence fâcheuse sur votre santé (les animaux à viande d’élevage sont régulièrement traités contre les vers et médicalement suivis jusqu’à leur abattage).

 
Attention toutefois à la viande de gibiers à poils (sanglier, chevreuil, cerf, lièvre) : la quasi totalité des animaux sauvages développent ou sont porteurs de parasites internes plus ou moins dangereux, transmissibles à l'homme et au chien. Si vous souhaitez en donner, congelez là une première fois pendant au moins 24h avant de la servir ou, pour une précaution maximale, faites la cuire (surtout pour les abats, qui sont le siège privilégié des parasites internes).

En résumé, lorsque vous constituez vous-même la ration de votre chien, la meilleure des préventions consiste en une hygiène correcte pour vous et votre animal : n'achetez que des produits destinés à la consommation humaine, nettoyez la gamelle du chien après chaque repas et n'oubliez pas, quel que soit le mode d'alimentation choisi, de vermifuger régulièrement votre compagnon à quatre pattes (jusqu’à 3 fois par an pour un chien adulte dont le régime inclue de la viande crue) avec un vermifuge à large spectre, de type Drontal ou Milbemax (le cas échéant, demandez conseil à votre vétérinaire).


2.     Le Choix des matières premières (viande, végétaux, os)

 
De très nombreux ingrédients peuvent entrer dans la composition d’une ration ménagère. La plupart des propriétaires ont tendance à y incorporer plus ou moins consciemment les aliments qu’eux-mêmes consomment. Or, certains d’entre eux peuvent se révéler hautement toxiques pour le chien. Les ingrédients à proscrire absolument dans le régime d’un chien sont : les oignons (effets anémiants), le chocolat noir (théobromine, mortelle à partir de 0,5% du poids du chien), les parties vertes de toutes les plantes des solanacées (tomates vertes, poivron vert et pommes de terre germées, contenant de la solanine, toxine à laquelle le chien est particulièrement sensible), le poumon (sa structure alvéolée le fait gonfler dans l’estomac et peut provoquer une dilatation, voire une torsion mortelle de l’estomac). Les ingrédients à ne donner qu’avec modération sont : l’ail (excellent vermifuge naturel mais mortel à partir de 2% du poids du chien), le raisin (des cas d’insuffisance rénale foudroyante ont été diagnostiqués après une ingestion massive), la luzerne (hépatotoxique à haute dose), la ciboulette et le persil (effets anti cancérigènes prouvés chez l’animal mais risque d’empoisonnement du sang par surdose de vitamine K en cas d’ingestion massive), le lait pour un chien adulte (la plupart des chiens adultes sont intolérants au lactose). Les légumes doivent obligatoirement être donnés cuits ou réduits en purée s’ils sont donnés crus. Dans tous les cas de figure, les légumes de la famille des choux doivent être donnés cuits et en quantité modérée. Les pommes de terre, les céréales (riz, pâtes, semoule, tapioca etc.) et légumineuses (lentilles, fèves, pois) doivent être cuits longtemps. Les sucreries sont indigestes pour le chien et ne lui apportent aucun nutriment utile : elles n’ont rien à faire dans le régime d’un carnivore (à plus forte raison si ce dernier est en surpoids…).

                                                       
                                           le raisin : possiblement toxique pour le chien
 
 
La viande doit être maigre de préférence (sa teneur en protéines est plus élevée que la viande grasse). Le bœuf et le poulet sont les deux viandes les plus souvent utilisées par les propriétaires d’animaux domestiques en alimentation ménagère. Pour les chiens âgés, on préfèrera la viande blanche (le poulet et la dinde sont les moins grasses de toutes), afin d’éviter de surcharger les reins en déchets azotés de type purique (présents en grande quantité dans le gibier, les abats et poissons gras). Si la viande grasse doit être limitée chez les chiens âgées, ayant besoin de moins d'énergie au quotidien, le bœuf maigre (5% de MG), riche en fer, reste malgré une mauvaise réputation injustifiée, une excellente source de protéines pour les canidés domestiques. Il faut toutefois savoir que l’allergie à la viande de bœuf est relativement fréquente chez le chien. Elle se manifeste par une éruption cutanée au niveau de la gueule, souvent associée à un prurit généralisé. Dans pareils cas, il convient de remplacer le bœuf par une autre viande ou du poisson. Les œufs sont aussi une excellente source de protéines. Un œuf cru entier de taille moyenne (environ 60g) représente l’équivalent nutritionnel de 50g de viande maigre (en apports caloriques, le taux de protéines étant 1,5 fois inférieur) et peut être incorporé à la ration environ une fois par semaine (on enlèvera alors la quantité de viande correspondant). Le blanc d’œuf cru est riche en acides aminés essentiels mais contient aussi une substance antivitaminique appelée avidine. En grande quantité, sa consommation peut aboutir à une carence en biotine (vitamine H). Si vous en donnez quotidiennement, il est donc recommandé de cuire les œufs façon « coque » avant de les distribuer (blanc cuit, jaune cru). La coquille, écrasée à la fourchette, peut être sans danger intégrer à la ration (le colorant utilisé pour tracer les oeufs est un colorant alimentaire inoffensif). Même s’il est bien toléré par le chien, le fromage blanc n’a pas d’intérêt nutritionnel particulier pour un sujet adulte en bonne santé (il est par contre une bonne source de calcium pour les chiots en croissance, les chiennes gestantes ou allaitantes). Toutefois, ses propriétés organoleptiques peuvent inciter les chiens difficiles à finir leur gamelle. Le yaourt nature, riche en enzymes digestives, permet de reconstituer la flore intestinale après un épisode de diarrhée. Les fruits sont utiles en petite quantité car ils contiennent des fibres solubles, qui facilitent l’assimilation des protéines. On évitera les agrumes, qui provoquent facilement des irritations intestinales.


Certains propriétaires intègrent des os au régime alimentaire de leur chien. Il est un fait que les canidés sont mieux équipés que nous pour digérer les os (mâchoire et estomac adaptés), mais la plupart des vétérinaires restent réticents sur la question, en raison des risques d’accidents digestifs – parfois gravissimes - que ça suppose. Il est en même temps indéniable que le fait de broyer régulièrement des os permet au chien d’entretenir une bonne hygiène bucco-dentaire : la plaque dentaire est éliminée, les gencives sont renforcées et les risques de parodontoses sont réduits au minimum. Quand on sait qu’une infection dentaire peut provoquer des atteintes irréversibles au niveau du foie, des reins et du cœur, c’est un facteur à ne pas négliger. Dans les régimes à base de viande crue dits « naturels », les os contribuent aussi à l’équilibre nutritionnel de la ration, car ils sont utilisés comme source phosphocalcique principale, ce qui évite d’avoir à doser et distribuer des compléments en Ca/P.


                                    
dents abîmées par le tartre
source : http://flickr.com/, auteur : icolman


Il faut savoir que malgré les allégations de certains fabricants, les croquettes ne permettent pas d’entretenir la dentition d’un chien, car leur format n’oblige pas l’animal à mastiquer et que leur texture n’est de toute façon pas assez dure pour avoir un effet abrasif sur la plaque dentaire. Dans son livre intitulé Raw Meaty Bones (2001), le Docteur Lonsdale affirme même que 85% des chiens nourris à l’alimentation industrielle souffriraient de parodontoses. Alors que faire ? C’est une question de choix et d’évaluation des risques. Les vétérinaires estiment généralement que les os les moins dangereux sont les articulations de veau (rotule, hanche). L’inconvénient de ce type d’os est qu’ils sont souvent mous, friables et de taille importante : ils peuvent alors provoquer des irritations intestinales (suivis de diarrhées et/ou vomissements), voire des compactions chez les chiens trop gloutons, qui n'en laisseront pas la moindre particule. Une bonne solution alternative aux os entiers peut consister à donner régulièrement au chien un gros morceau de pain dur, qui fera une parfaite « brosse à dents », tout en ne représentant aucun risque d’accident digestif. Attention, en revanche, aux articles à mâcher vendus dans le commerce : certains ne nettoieront que votre portefeuille (bâtonnets au fluor, lamelles de collagène ou os en peau de buffle, qui se ramollissent très vite sous l’effet de la salive du chien), alors que d’autres (onglets de veau ou sabots de vache, durs et cassants) constituent un risque d’accident digestif parfois plus élevé qu’avec des os frais. Les trachées de ruminant, la panse séchée, les groins de porc au miel ou les oreilles de porc déshydratées sont en revanche des friandises à la fois bon marché, appréciées par les chiens et utiles à leur hygiène dentaire.

                                     
                                                            onglets de veau

Quels sont les risques liés à l’ingestion d’os ? Le moins grave et le plus fréquent des troubles qui s’y rattachent est la constipation, lié à un excès de calcium rejeté dans les selles. Cet excès de calcium peut aboutir à la formation de fécalomes (selles calcifiées), c'est-à-dire de selles compactes et durcies à l’excès (mélange de matières fécales et de poudre d’os), souvent reconnaissables à leur couleur blanche (calcium de l’os), douloureuses à expulser et nécessitant parfois l’intervention d’un vétérinaire et une anesthésie générale. Moins fréquent mais très spectaculaire – bien que souvent sans gravité – le prolapsus anal est la sortie par l’anus d’une partie de l’intestin. Cet accident survient souvent lorsque l’animal cherche à expulser par l’anus des matières trop compactes. Il nécessite l’intervention d’un vétérinaire, qui réintroduira en douceur le côlon dans sa cavité. Les blessures bucco-dentaires sont, elles, relativement fréquentes mais généralement sans gravité. La plupart sont bénignes et passent totalement inaperçues car elles cicatrisent spontanément, parfois en quelques minutes (saignement des gencives ou égratignure des muqueuses buccales). Les fractures dentaires ou les plaies buccales ouvertes (risques d’infection) sont extrêmement rares, la mâchoire du chien étant spécifiquement conçue pour ce genre d’exercice. Les accidents digestifs les plus connus et les plus redoutés par les propriétaires de chiens sont paradoxalement les plus rares. Heureusement, car ils sont aussi les plus graves : les étouffements ou étranglements (avec les os de petits animaux essentiellement), les occlusions intestinales ou compactions (blocage partiel ou total du transit) et les perforations de l’appareil digestif (déchirure des parois de l’œsophage, de l’estomac ou de l’intestin) mettent en jeu le pronostic vital de l’animal et nécessitent une intervention chirurgicale en urgence. Un chien qui refuse de manger pendant plus de 24 heures, effectue des tentatives répétées de défécation non abouties, a une attitude prostrée ou du sang dans les selles associé à une altération de l’état général doit amener le maître à consulter un vétérinaire en urgence.



source : http://flickr.com/, auteur : jarturii


            3. La congélation

 
La plupart des propriétaires de chien ayant opté pour un régime ménager ont recours à la congélation. Quels sont les effets de la congélation sur le contenu nutritionnel des aliments ? En fait, cela dépend de trois facteurs : le type d’aliments congelé (les viandes et poissons supportent beaucoup mieux la congélation que les fruits et légumes, dont la structure cellulaire est plus rigide et donc plus fragile), la vitesse de congélation (rapide ou lente) et le mode de décongélation (perte ou récupération du liquide de décongélation).



source : http://flickr.com/, auteur : stevendepolo

 
Une congélation rapide des aliments (surgélation industrielle, de -30 à -50°C) n’altère que très peu leur contenu nutritionnel. Les protéines, la vitamine A et les minéraux ne sont pratiquement pas affectés par ce phénomène. Les cristaux de glace qui se forment sont d’une taille si petite que la désagrégation moléculaire du produit surgelé sera elle aussi minime. Les protéines ne seront donc que faiblement dénaturées et les vitamines intégralement conservées, sous réserve de récupérer le « jus » de la décongélation. Autrement dit, lorsque vous décongelez la viande que vous allez servir à votre chien, placez la dans un récipient qui garde les liquides et versez ensuite son contenu dans la gamelle avec la viande (sinon, une bonne partie des nutriments se perdra avec le « jus »). Les fruits et légumes surgelés contiennent généralement plus de vitamines que les fruits et légumes frais, la surgélation ayant pour effet d’inhiber la destruction de l’aliment par ses propres enzymes et l’oxydation de l’air (même dans le bac d’un réfrigérateur, les légumes frais perdent jusqu’à 15% de vitamines par jour). Néanmoins, la perte en eau lors de la décongélation est beaucoup plus importante qu’avec les produits animaux. L’organisme du chien étant en capacité de synthétiser lui-même la vitamine C, la récupération de ce « précieux » liquide n’est cependant pas indispensable (mais conseillée : les fruits et légumes ne contiennent pas que de la vitamine C : cf. tableau des vitamines).

 
Une congélation lente (congélateur domestique : températures de -18 à -20°C) pose plus de problèmes, car elle dénature les protéines des aliments de façon beaucoup plus significative. La formation lente de cristaux de glace engendre une prolifération des enzymes naturelles de l’aliment dans le liquide restant, ce qui conduit à l’accélération de la dégradation moléculaire des protéines (le phénomène est à son apogée entre 0 et -5°C et s’interrompt à partir de -20°C). De plus, une congélation lente aboutit à la formation de gros cristaux de glace qui, en fondant, déstructurent les molécules des aliments et entraînent les nutriments dans l’eau de décongélation. La durée de conservation des produits congelés chez soi est de 12 à 24 mois pour les viandes et poissons entiers et de 9 mois pour la viande hachée (dont les molécules, lors du hachage, ont été exposées à l'air libre).



viande en sac congélation
source : http://flickr.com/, auteur : the fear

 
Dans tous les cas de figure, il est important de récupérer l’eau de décongélation des produits, y compris lorsqu’il s’agit de faire cuire les aliments (le « jus » de viande, même cuit, contient des protéines !).

 



Créer un site
Créer un site