Lorsque vous choisissez de nourrir votre chien avec un produit préfabriqué, vous ne devez jamais perdre de vue que vous êtes au cœur d'une formidable entreprise commerciale :

« Excédentaire à l'export, créatrice d'emplois, partenaire privilégiée de l'agriculture et de l'élevage, l'industrie française des aliments préparés pour animaux familiers occupe le deuxième rang européen, en terme de production. L'industrie des aliments préparés est l'une des plus performantes de l'agro-alimentaire. »

Voici ce que nous pouvons lire en février 2006 sur la page d'accueil du site Internet de la FACCO (Fabricants d'Aliments pour Chiens, Chats et Oiseaux). Les aliments industriels pour animaux de compagnie sont arrivés sur le marché français au milieu des années 50. Depuis, le chiffre d'affaire qu'ils génèrent dans les pays développés n'a cessé de progresser, jusqu'à être aujourd'hui considéré par les économistes du monde entier comme l'enjeu économique majeur du 21e siècle. En 1982, le Reader's Digest, dans son Guide des Chiens, publie les résultats d'une enquête menée par la FACCO sur la façon dont les Français nourrissent leur animal de compagnie. Cette enquête démontre le bond spectaculaire du nombre de propriétaires achetant régulièrement des aliments préparés entre 1977 et 1980 : de 39% à 50% en l'espace de seulement 3 ans ! Aujourd'hui, 80% des propriétaires d'animaux familiers ont régulièrement recours aux aliments préfabriqués pour nourrir leurs compagnons à quatre pattes. Selon une enquête FACCO/SOFRES publiée en 2008, 51,2% des foyers français ont un animal de compagnie. Avec 61,6 millions d'animaux de compagnie en France, dont 7,8 millions de chiens et 10,7 millions de chats, la production des aliments préparés pour animaux familiers pèse près de 2 000 000 de tonnes, soit un chiffre d'affaire colossal de 2,724 milliards d'euros (chiffres FACCO, 2009).


 source : flickr.com/, auteur : colorblindpicaso

Comment sont fabriqués ces aliments ? Tout comme les plats cuisinés industriels destinés à la consommation humaine, les préparations alimentaires pour chiens et chats ont pour qualité première leur appétence et leur appétissante présentation. L'appétence pour créer une accoutumance chez le chien, la présentation (forme et couleur de l'emballage et du produit lui-même) pour séduire le maître. « Nous changeons les recettes environ tous les 1 à 2 ans, explique le fabricant Alexander Ospelt à un journaliste de la Télévision Suisse Romande […] ces changements sont essentiellement cosmétiques. Pour l’acheteur de la nourriture pour animaux, il est important que ce ne soit pas toujours la même odeur quand il ouvre les produits.». Mais qu’en est-il de leur contenu nutritionnel ?
 

Certains auteurs établissent un parallèle avec notre propre mode d’alimentation. Les médecins considèrent aujourd'hui que les plats cuisinés destinés à la consommation humaine constituent une piètre solution diététique : trop gras, trop salés, trop sucrés, pauvres en vitamines, leur consommation excessive est source de désordres internes plus ou moins graves, tel qu'obésité, augmentation du taux de cholestérol, diabète, avitaminose etc. Alors que penser des préparations culinaires pour animaux domestiques?


source : http://flickr.com/, auteur : fotomaf

Les avis sont partagés. Il est un fait que les aliments complets pour animaux domestiques ne constituent pas des « plats » mais des « repas ». Leurs objectifs nutritionnels sont donc totalement différents de ceux des aliments préfabriqués destinés à notre propre consommation. Vous trouverez ci-dessous les témoignages radicalement opposés de deux vétérinaires s’étant penchés sur la question.
 

Voici d’abord ce qu’affirme le Professeur Bernard Paragon, responsable de l’Unité de nutrition à l’Ecole vétérinaire d’Alfort, au cours d’une Interview pour la Télévision Suisse Romande en date du 9 Mai 2000 :
 

"Tous les aliments présents sur le marché sont satisfaisants par rapport aux exigences des chiens et des chats. On ne conçoit pas aujourd’hui que l'on puisse commercialiser un aliment qui ne serait pas satisfaisant, qui ne correspondrait pas aux standards. […] On peut nourrir toute sa vie un chien ou un chat avec des croquettes ou avec des aliments humides. Il restera en parfaite santé. Les fabrications des industriels s’adressent au plus grand nombre des animaux. Mais vous trouverez forcément des animaux qui se trouvent aux extrêmes de la courbe de Gauss et qui, ayant des exigences ou des sensibilités particulières, présenteront un certain nombre d’inconvénients à la consommation de ce type d’aliments. Mais il s’agit d’un marché tout à fait particulier, qui concerne des animaux plus fragiles, plus vulnérables. Car l’essentiel de la population des animaux de compagnie se satisfait très bien des aliments qui se trouvent sur le circuit commercial. […] Quitte à être provocateur, je serais tenté de dire que nos chiens et nos chats sont, en moyenne, beaucoup mieux alimentés que ne le sont nos concitoyens. En effet, la dérive alimentaire chez un chien ou un chat alimenté avec des boîtes ou des croquettes est impossible: les aliments sont parfaitement équilibrés, tous les éléments nutritionnels dont il a besoin se retrouvent dans la croquette ou dans la boîte".


source : http:// flickr;com/, auteur : lili.chins

Le Docteur vétérinaire canadien Charles Danten, auteur d'un livre intitulé « An angry Vet », a quant à lui un point de vue bien différent. Il nous le livre sur son site Internet (www.angryvet.org/français), à travers un long article dont voici quelques extraits :
 

« Notre mode de vie nous amène, pour des raisons pratiques, à donner aux bêtes un régime alimentaire fabriqué industriellement, une commodité qui facilite la satisfaction des besoins alimentaires d'un animal en captivité. Peu de gens ont le temps et le désir de faire autrement et, pour promouvoir la consommation, l'industrie entretient soigneusement l'idée qu'une telle alimentation convient parfaitement à un animal captif.[...] 

Nous offrons donc à nos enfants, jour après jour, des aliments de piètre qualité, fabriqués à même les restes, les déchets de l'industrie agroalimentaire, archi-transformés, dénaturés et dévitalisés par la cuisson, bourrés de toxines, de déchets biologiques, de pesticides, d'insecticides, de fongicides, de colorants, d'agents de conservation et de saveurs artificielles. Cette pitance est un poison qui les tue d'une mort lente mais certaine.

 L'industrie alimentaire qui produit des denrées destinées à la consommation humaine trouve dans l'industrie de l'alimentation animale un débouché inespéré pour ses restes. C'est un peu normal, alors que la nourriture de qualité se fait rare même pour les humains.[...]

 Selon Deborah Lynn Dadd, auteure du livre The Non-toxic Home of Office, aux Etats-Unis, 116000 mammifères et 15 millions de volailles sont condamnés avant l'abattage. Après l'abattage, 325000 carcasses et plus de 5,5 millions de parties malades sont refusées pour la consommation humaine. 140000 tonnes de volailles sont retirées de la chaîne alimentaire pour cancer. Tous les animaux impropres à la consommation humaine sont utilisés dans la fabrication des aliments des bêtes. En Suisse, jusqu'en 1996, les placentas, les tumeurs excisées dans les hôpitaux et d'autres tissus humains étaient « recyclés » de cette façon. [...]  

Au Canada et aux Etats-Unis, aucune loi n'interdit l'usage des chiens et des chats morts dans la fabrication des aliments pour animaux [...]

  Les sous-produits de l'industrie des céréales sont aussi présents en très grande quantité dans les aliments pour animaux de compagnie. Ils sont, comme les autres, de deuxième, voire de troisième catégorie. Tout ce qui est rejeté pour la consommation humaine pour diverses raisons, comme la présence de moisissure et un taux d'insecticide et de fongicide inacceptable est classé pour consommation animale [...] L'industrie, pour économiser, utilise beaucoup les céréales et les sous-produits dans ses recettes pour les animaux de compagnie. »


                                            

le maïs : céréale souvent utilisée dans les aliments secs pour chien


Au Canada et aux Etats-Unis, l'industrie des aliments pour animaux n'est effectivement soumise à aucune obligation légale quant à l’origine des ingrédients utilisés dans les aliments commerciaux pour animaux de compagnie.

Mais que précise la loi européenne ? En Europe, la législation sur l'utilisation de produits animaux dans l'alimentation pour bêtes d'élevage et de compagnie est beaucoup plus rigoureuse que de l'autre côté de l'Atlantique : les textes du Parlement européen interdisent notamment l'usage dans tout aliment industriel destiné à la consommation animale fabriqué, importé ou commercialisé en Europe, de produits ou sous-produits issus d'animaux malades ou dont l'origine de la mort est inconnue. La crise de la vache folle, à la fin du vingtième siècle, a également ouvert les yeux des législateurs européens sur le danger mortel que représentait la transgression des règles de la nature. Depuis fin 2002, il est inscrit dans les textes européens1 qu'alimenter un animal avec la chair de sa propre espèce - référence évidente au cannibalisme organisée en matière d'élevage bovin, où les vaches étaient nourries avec de la farine... de vaches - constituait un risque avéré d'épizootie. En conséquence de quoi, le Parlement européen a décidé d'interdire dans tout produit de consommation alimentaire l'usage de produits animaux de la même origine que celle des animaux auxquels l'aliment était destiné. Autrement dit, il est désormais interdit de donner du boeuf à des bovins, non plus que du chien à des chiens ou du chat à des chats. L'utilisation dans l'alimentation humaine ou animale des graisses de restaurant non recyclées et de produits animaux issus de l'équarrissage est également prohibée.


source : http://flickr.com/, auteur : mr t in dc

A contrario, la législation européenne - récemment devenue si rigoureuse quant à l'origine des produits et sous-produits animaux destinés à la consommation humaine ou animale – est beaucoup moins regardante quant à la nature et la provenance des produits végétaux utilisés dans les aliments pour animaux de compagnie.  La quantité  de certains composants toxiques est simplement limitée, tandis que des taux d'utilisation maxima sont simplement « recommandés » pour d'autres. Une exception française toutefois : les produits labellisés « bio », dont les matières végétales doivent répondre à un cahier des charges précis.
 

Il appartient donc à l’acheteur de rester vigilant quant à la composition des aliments industriels qui lui sont proposés, sachant que la qualité sanitaire et nutritionnelle d’un « pet food » dépendra plus des compétences et de la morale du fabricant que de garanties légales peu restrictives et quasi inexistantes. Voilà pourquoi il est essentiel que chaque propriétaire de chien apprenne à évaluer correctement la qualité d’un aliment commercial.

 


1Règlement (CE) n° 1774/2002 du Parlement Européen et du Conseil du 3 octobre 2002 établissant des règles sanitaires applicables aux sous-produits animaux non destinés à la consommation humaine, paru au Journal Officiel des Communautés européennes L 273/1 le 10/10/2002   

 



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