1. Ration ménagère traditionnelle

 
La ration ménagère traditionnelle s’élabore selon les mêmes principes que les aliments industriels, à savoir qu’on considère sa composition en terme d’apports nutritionnels plutôt qu’en terme d’ingrédients et que son contenu ne varie pas d’un repas sur l’autre. Afin de s’assurer de la digestibilité et de la teneur en acides aminés essentiels des protéines de la ration, on doit veiller à ce que 70 à 80% au moins de ces dernières soient d’origine animale (attention : on parle bien de 70 à 80% de protéines et non de 70 à 80% de viande, aliment qui contient en moyenne 20% de protéines). Quant à la source de fibres, on préférera les légumes verts, riches en acide folique et en vitamine K, qui aident à la bonne assimilation des protéines. Théoriquement, l’élaboration d’une ration ménagère implique de savants calculs afin d’adapter le contenu nutritionnel de la ration à chaque individu, chaque animal étant un cas particulier (âge, poids, race, activités, état de santé, tempérament). Heureusement, il existe des « rations types » précalculées en fonction de « profils types ». Une simple calculatrice suffit alors à faire la division ou la multiplication qui s’impose (en fonction du RPC nécessaire à l’animal : cf. Calculateurs), pour obtenir un modèle de ration répondant aux besoins nutritionnels de son propre chien.



le riz, un incontournable en alimentation ménagère traditionnelle
source : http://flickr.com/, auteur : bogart handsome devil


La Dépêche Vétérinaire, dans ses cahiers sur la Nutrition Clinique des Carnivores Domestiques, tome 1 (Novembre 2002), propose une formule à base de viande maigre, légumes verts cuits, riz blanc cuit, huile de Colza et CMV Ca/P=2 (complément en minéraux et vitamines équilibré en phosphore et calcium vendu sous forme de poudre en animalerie ou chez votre vétérinaire).


Il existe plusieurs formules permettant d’atteindre les mêmes objectifs nutritionnels. Pour un chien sportif, on peut par exemple remplacer la viande maigre (bœuf haché à 5% de MG, poulet, dinde, cheval) par de la viande grasse (bœuf haché à 15% de MG, langue de bœuf, agneau, canard) et une partie des féculents (céréales, tubercules, légumineuses) par de la banane écrasée bien mûre, ceci afin de diminuer le volume des repas. Il convient alors de réajuster l’ensemble de la ration afin que les besoins nutritionnels de l’animal soient toujours parfaitement couverts. Il est également possible de remplacer la viande maigre par du poisson maigre (lieu noir ou colin) mais les apports énergétiques du poisson maigre étant très inférieurs à ceux de la viande, il faut là aussi réajuster la ration en fonction.

                 

En fait, le choix des ingrédients est surtout affaire de goût… du propriétaire. Certains répugnent à donner de la viande, d’autres estiment qu’un carnivore doit avoir sa dose de viande quotidienne, d’autres encore sont plus facilement séduits par un « menu » dont la composition se rapproche de leur propre régime alimentaire. Attention toutefois au piège de la malnutrition par excès : ne vous laissez pas séduire par la panoplie du parfait petit chimiste qui, croyant faire du bien à son animal favori, décide d’ajouter à ses repas quantité de compléments alimentaires (pour qu’il ait « un beau poil », pour « renforcer ses défenses immunitaires », pour lui donner « de l’énergie » etc.) qui viendront déséquilibrer la ration. Dans tous les cas de figure, il est important de ne pas changer la nature ou la quantité d’un ingrédient de la ration sans s’inquiéter de rééquilibrer la totalité de ladite ration. Pour ce faire, vous pouvez utiliser le calculateur ménager du site (clic sur :
nourrirsonchien.wifeo.com/calculateurs.php) ou vous rapprocher de votre vétérinaire. Les données à calculer préalablement pour pouvoir utiliser ce calculateur sont le BEEM de votre chien et le RPC minimal qui lui correspond (cf. Calculateurs).



chien mangeant une ration ménagère (viande, riz, petits pois carottes)
 
Si vous êtes réellement hermétique à tout « pesage » des ingrédients, sachez que de nombreux vétérinaires généralistes sont comme vous… Ils vous proposeront dans ce cas de composer votre ration selon le principe des 3 tiers :
- 1/3 de viande rouge ou blanche ou poisson
- 1/3 de riz ou autres féculents bien cuits
- 1/3 de légumes (légumes verts et carottes) cuits
- huile de tournesol ou huile de colza (1 cuillère à soupe par 10kg de poids vif)
- complément minéral phosphocalcique pour chiens adultes (consulter votre vétérinaire).
Le volume total de la ration sera fonction du choix des ingrédients et des besoins caloriques de votre chien ; Pour vous aider, consultez la Table nutritionnelle des ingrédients (clic sur nourrirsonchien.wifeo.com/table-nutritionnelle-des-ingredients.php).
Bien que cette dernière ration ne soit pas du « sur mesure » et ne puisse donc être considérée comme « idéale », elle apportera à la plupart des chiens adultes sédentaires en bonne santé le minimum nutritionnel requis.
La plupart des viandes se donnent crues ou rapidement poêlées (là aussi, c’est une affaire de goût du propriétaire) et coupés en morceaux ou hachées. Les abats de porc ou de gibier, si vous en donnez, doivent être cuits afin de limiter les risques de contamination parasitaire ou virale. Le poisson – sauf exception (cf. les risques sanitaires) - peut être donné cru ou cuit, sachant que le chien sera généralement plus attiré par l’odeur du poisson cuit. Attention aux arêtes de certains poissons, avec lesquelles il peut s’étrangler.



un chien pressé d'avoir son repas !
source : http://flickr.com/, auteur : brekki thommasson


 
2. alimentation naturelle


Le terme d’alimentation naturelle recouvre une pluralité de régimes, dont le point commun est l’utilisation de produits crus comme base de la ration. L’expression « alimentation naturelle » est souvent mal comprise. En réalité, l’objectif des régimes dits « naturels » n’est pas de reproduire les conditions d’alimentation que rencontre un canidé sauvage dans la Nature mais de proposer à son chien une alimentation biologiquement adaptée à sa « nature » de carnivore, c'est-à-dire de mangeur de viande crue. Certains de ces régimes naturels considèrent le chien comme un carnivore exclusif (Raw Feeding, Whole Feeding), au même titre que son ancêtre le loup, d’autres estiment que l’évolution a fait de lui un carnivore non exclusif (BARF, régime Volhard). En tout état de cause, les fondateurs de l’alimentation naturelle (vétérinaires et comportementalistes) raisonnent en terme de familles d’aliments (viande, légumes, fruits etc.) et non d’apports nutritionnels (% de protéines, lipides, vitamines, minéraux etc.). La logique employée est la suivante : les aliments crus non transformés contiennent ipso facto la juste quantité de nutriments nécessaires au maintien en bonne santé d’un individu, l’important étant simplement de déterminer la juste proportion de chaque famille d’aliments en fonction de la nature biologique de l’individu à nourrir (herbivore, omnivore, carnivore exclusif ou non exclusif).


chiens sauvages asiatiques
source : http://flickr.com/, auteur : yathin

L’homme et les animaux sauvages ne calculent pas la valeur nutritionnelle de ce qu’ils ingèrent mais en respectant leur nature biologique (manger varié pour l’homme qui est un omnivore, des végétaux pour les herbivores et des matières animales pour les carnivores), ils se maintiennent en bonne santé (la longévité réduite de la plupart des espèces sauvages en milieu naturel n’est pas en rapport avec leur mode d’alimentation mais avec leurs conditions de survie difficiles : à régime alimentaire égal, la faune des parcs zoologiques a une durée de vie moyenne nettement supérieure à celle de la faune sauvage). Vous trouverez résumés ci-dessous les principes des courants de pensée les plus populaires de l’alimentation dite « naturelle » :

a) Le sigle BARF peut se traduire par Bones And Raw Feeding (Alimentation à base de viande à os crue) ou Biological Apropriate Raw Food (Alimentation biologiquement adaptée à base de viande crue). Le père de ce régime est le docteur vétérinaire australien Ian Billinghurst, qui popularisa cette diète dans son livre Give your dog a bone, publié en 1993, puis développa ses théories sur l’alimentation des carnivores domestiques quelques années plus tard avec Grow Your Pups with Bones (1998).
Le docteur Billinghurst préconise une ration d’un volume compris entre 2 et 4% du poids du chien pour un sujet adulte (jusqu'à 6% pour les chiots en croissance), composée de  :
60% de viande à os crue (50% de viande et 50% d’os), 10% d’abats crus, 15% de légumes crus mixés, 5% de fruits crus mixés, 10% de compléments divers (œuf, fromage, huile, algues ou autres).

 

ration BARF à base de poisson cru
  
Parmi les os crus charnus préconisés par le Docteur Billinghurst, on trouve les cuisses, cous et carcasses de volaille, la queue de bœuf et de veau et le collier d’agneau. Les poissons entiers peuvent aussi être distribués. Les os porteurs (os des pattes) des gros animaux sont à éviter : leur dureté peut provoquer des fractures dentaires. On peut par contre distribuer ponctuellement au chien de gros os tendres (articulations, comme la rotule de veau) qui lui permettront de se nettoyer les dents. Tous les os doivent impérativement être donnés crus : la cuisson les rend friables et augmente considérablement les risques d’accidents digestifs comme les occlusions et les perforations du tube digestif.


source : http://flickr.com/, auteur : flashingfuchur
 

b) Le Raw Feeding (Alimentation à base de viande crue) a été développé par le Docteur Vétérinaire australien Tom Lonsdale dans son livre Raw Meaty Bones publié en 2001. Le Docteur Lonsdale préconise une alimentation composée de 70% de viande à os crue (75% de viande pour 25% os) et abats crus et de 30% de restes de table divers, dont fruits. Pour Tom Lonsdale, rien ne justifie d’imposer au chien un régime omnivore car il est physiologiquement bâti comme n’importe quel autre carnivore naturel (loup, chacal, coyote etc.).


source : http://flickr.com/, auteur : sighthound

Pour lui, les seuls aliments indispensables au régime d’un chien sont les viandes, les os et les abats. Il définit les fruits comme utiles mais non indispensables. Quant aux légumes et céréales, il les juge indésirables. Les os à viande recommandés par le Docteur Lonsdale sont les carcasses sciées de grands animaux (mouton, veau, bœuf etc.), les carcasses entières de petits animaux (volailles, lapins, poissons etc.) et les têtes, côtes, queue et pieds de mouton, de chèvre ou de cochon (attention : ne pas donner de porc cru si vous habitez le continent européen _ cf. risques sanitaires).
 
c) Le Whole Feeding (alimentation à base de proies entières) est sans doute le plus controversé de tous les régimes dits « naturels ». C’est aussi le plus proche des conditions d’alimentation que rencontre un canidé sauvage dans la nature. Ce régime consiste à proposer au chien des proies entières, non dépecées, non plumées ni vidées et à le laisser se « débrouiller » avec comme il l’entend. Dans cette optique, le chien alterne entre des périodes d’abondance (il peut avaler un lapin ou un agneau entier en un repas) et des périodes de jeûne, exactement comme un canidé sauvage à l’état naturel. Ce régime nécessite d’avoir un jardin, un produit désinfectant efficace et un estomac solide : la vue d’un chien déchirant et avalant un cadavre animal qu’on imagine encore chaud peut rebuter les âmes sensibles. Sans compter les traces du carnage à nettoyer à la fin du repas (sang, poils, plumes etc.).

        
repas "whole feeding" avec un poulet entier, photo publiée avec l'aimable autorisation
de l'élevage Vag'ners Memory

d) Le régime Volhard (inspiré du Natural Rearing de Juliette de Baraïcli Levy) se distingue de la diète BARF en cela qu’elle inclue une grande part de céréales, une moindre quantité de viande (50%, contre 60% pour le BARF) et qu’elle remplace les os entiers par de la poudre d’os (commercialisée sous le vocable "farine d'os" : elle peut être remplacée par un autre complément calcique). Ce régime a été développé par la comportementaliste Wendy Volhard il y a plus de 30 ans avec, selon ses dires, d’excellents résultats sur la santé et la longévité de ses chiens. La diète Volhard se compose de 50% de viande fraîche, 20% de céréales mélangées, du fromage blanc, de la mélasse, de l’oeuf, de l’huile de foie de morue, du foie, de l’ail en capsule, des herbes et des algues séchées, de la poudre d’os, du vinaigre de cidre de pomme, des vitamines E, C et B, de la levure de bière et des fruits.

 

spiruline (algue d'eau douce) et levure de bière
 
Pour plus d'informations sur l'alimentation dite naturelle, vous pouvez vous rendre sur les sites barf.ch et b-a-r-f.com.


3. L'alimentation végétarienne
 

L’adaptation d’un régime végétarien aux carnivores domestiques est relativement récente. C’est aux Etats-Unis que cette initiative a vu le jour il y a une vingtaine d’année. En 1986, deux végétariens de l’association « Harbingers » (« Messagers » en français) - après de longues recherches au sein de l’Ecole de Médecine Vétérinaire de l’état d’Oregon - parviennent à mettre au point des recettes végétariennes pour chiens et chats à teneur nutritionnelle jugée satisfaisante par l'Association des Contrôles Officiels de Nutrition Américains (AAFCO).  

 

source : http://flickr.com/, auteur : smiteme
Lynn Karst et James A. Peden, les fondateurs du régime végétarien pour chiens et chats, mettent en avant le fait qu’il n’y a rien de « naturel » à donner de la viande à un chien, dans la mesure où le chien est un animal domestique exclusivement nourri par l’homme. Il n’y a donc pas lieu, pour le nourrir, de le comparer aux canidés sauvages comme le loup ou le renard. De plus, loups et renards ne chassent que par atavisme, parce qu’ils sont équipés de griffes et de crocs et cèdent à leurs instincts de prédateur. Ils n’ont en réalité pas besoin de « viande » mais de protéines, lipides, vitamines et minéraux. Pour Lynn Karst et James A. Peden, la seule question à se poser est donc de savoir si un chien peut vivre en bonne santé tout en ne consommant jamais de viande. Les premières observations faites par des propriétaires de chats végétariens sont plutôt encourageantes mais n’ont pas été scientifiquement validées. La mise au point de recettes végétariennes pour chiens est beaucoup plus récente et nous n’avons donc pas suffisamment de recul pour évaluer l’impact sur la santé et la longévité de nos canidés domestiques.

source : http://flickr.com/, auteur : eddiemcfish
Les partisans d’un régime végétarien pour chiens et chats mettent en avant le fait que la consommation de viande, même chez un carnivore, use prématurément les reins (en raison de ses composants azotés, qui augmentent le taux d’acide urique). L’alimentation végétarienne préserverait donc des défaillances rénales précoces. Un autre avantage de ce mode d’alimentation est son faible coût de revient (les végétaux coûtent moins cher que la viande ou les croquettes hauts de gamme). Si les végétariens affirment qu’il n’existe pas de différence fondamentale entre les nutriments contenus dans les plantes et les nutriments contenus dans la viande, on peut tout de même s’interroger sur la biodisponibilité des protéines végétales utilisées. En règle générale, les chiens assimilent beaucoup plus facilement les protéines animales pour deux raisons : ces dernières sont souvent plus équilibrées en acides aminés essentiels et les fibres insolubles contenues dans les légumes et les féculents diminuent la capacité d’absorption desdites protéines (les fibres insolubles accélèrent le transit et donc la « fuite » des nutriments). De plus, l’essentiel des apports protéiques végétaux est fourni par des féculents, riches en hydrates de carbone. Or, comme nous l’avons vu, un excès d’hydrates de carbone sur le long terme fatigue le pancréas du chien. Enfin, de nombreux chiens au tempérament allergique tolèrent mal certaines protéines végétales, comme celles du soja, du blé ou de l’avoine.  
 
Si vous souhaitez néanmoins faire partie des « pionniers » de l’alimentation canine végétarienne, voici quelques exemples de recettes proposées par l’association Harbingers pour un chien adulte de 20kg (quantités à réajuster en fonction du poids de votre animal) et traduites en français par Anne Renon et Laurent Dervaux :
 

chien mangeant une purée de légumes verts et oeuf

« Vegekibble » (protéines 22%, lipides 8%) :
Préparation pour 12 jours : 3kg de farine complète, 900 g de farine de soja, 240 g de farine de maïs, 120g de levure de bière, 107 g de complément alimentaire pour chiens végétariens (en France, à ma connaissance, ce type de complément est pour l’instant commercialisé par la seule association « Veg’ et Chat », « élève » français de l’association Harbingers), 5 g de sel ou 36 g de sauce soja avec un verre d'huile.

Lentilles et soja (protéines 29%, lipides 8%) :
Préparation pour 2 jours : 700g de lentilles sèches (soit 2025g de lentilles cuites), 24g de levure, 50g d’huile végétale, 17g de complément alimentaire pour chiens végétariens, 1g de sel ou 6g de sauce soja.
Riz et soja (protéines 26,3%, lipides 10%) :
Préparation pour 7 jours : 1100g de riz cru (soit 3590g de riz cuit), 940g de protéines de soja texturées ou 2900g de tofu, 105g de levure, 210g d’huile végétale, 60g de complément alimentaire pour chiens végétariens, 3g de sel ou 21g de sauce soja.

 
Chaque préparation doit être mélangée avec de l’eau jusqu’à formation d’une pâte, puis cuite au four à 160° pour une durée de 15 à 20mn. Il suffit ensuite de découper dans le gâteau obtenu des portions correspondant au nombre de jour prévu. Il est recommandé d’ajouter aux repas un complément en enzymes digestives ou des fruits et légumes crus en purée pour faciliter la digestion.


Pour plus de recettes et de détails sur l'alimentation végétarienne des chiens et des chats, vous pouvez vous rendre sur les sites 
vegepets.info et vegechat.online.fr



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