1. Les modes de cuisson


La cuisson des aliments a pour tout premier objectif de garantir la sécurité sanitaire des matières premières employées : en effet, la cuisson (à partir de 130° pour la majorité des aliments humides et à partir de 150° pour la majorité des aliments secs) permet de détruire la quasi totalité des micro-organismes nocifs (virus, parasites, bactéries, levures) qui pourraient se trouver dans les ingrédients. Pendant l'opération industrielle de cuisson-extrusion les ingrédients sont mis sous pression, on leur insuffle de l'air, puis on chauffe les produits à de très hautes températures (fréquemment jusqu'à plus de 400°).


L'inconvénient de ce mode de cuisson, en contrepartie, est la réaction chimique qu’il induit, en particulier dans les aliments secs. Le procédé de cuisson-extrusion employé dans la fabrication des aliments secs pour animaux de compagnie consiste à cuire, découper, compresser et façonner en ensembles homogènes un mélange de matières premières. Ce procédé implique le recours à des températures très élevées, qui génèrent un phénomène de pyrolyse du produit. La pyrolyse est en quelque sorte la « carbonisation » d’un élément. C’est ce phénomène pyrolytique qui donne par exemple la croûte brune du gratin cuit au four ou l’aspect « grillé » de la viande cuite au barbecue. La pyrolyse d’un aliment commence dès 200° C. Il a été scientifiquement établi qu’en s’attaquant à la structure des acides aminés des aliments, elle faisait apparaître des substances hautement cancérigènes connues sous le nom d’amines hétérocycliques.


 


L'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES), anciennement Agence Française pour la Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA), indique dans son dossier « Alimentation Nutrition et Cancer » d’août 2003 (téléchargeable sur www.santé.gouv.fr et publié dans le cadre du Programme National Nutrition Santé) que ces mêmes amines hétérocycliques apparaissaient également à des températures inférieures (à partir de 150° C) ou suite à un phénomène d’oxydation (aliments laissés au contact prolongé de l’oxygène) lorsque protéines et glucides (sucres) se trouvaient associés (comme dans les aliments préfabriqués pour animaux mais aussi de nombreux aliments de consommation courante). Cette réaction chimique est appelée « réaction de Maillard ». Camille Maillard, chercheur et professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, publia en 1913 un livre intitulé Genèse des matières protéiques et des matières humiques1, dans lequel il expose ses observations quant aux résultats de l’interaction sucres/protéines. Sa découverte, passée inaperçue à l’époque, est aujourd’hui considérée comme une des plus importantes avancées scientifiques du XXe siècle. On sait à présent que la réaction de Maillard créée les néo composés les plus mutagènes connus à ce jour (acrylamide, HAP, glycotoxines de type CML etc.). L’expérimentation animale a dernièrement apporté la preuve formelle que ces molécules néo transformées avaient une influence cancérigène à court terme sur des tumeurs existantes et provoquaient à long terme des cancers digestifs chez les singes, les rats et les souris. Les premières études de cas humain ont corroboré ces résultats par la mise en évidence de l’association entre une alimentation riche en produits cuits à de hautes températures (tous les modes de cuisson sauf vapeur et cuisson à l’eau) et l’apparition de certains cancers. Si certains de ces néo composés sont - comme on l’a vu - hautement cancérigènes, Inès Birlouez-Aragon, Chercheuse en chimie à l’Institut supérieur d’agriculture de Beauvais et Maître de Conférences à l’Institut National Agronomique de Paris-Grignon, explique dans la revue Inserm Actualités N°198 d’Avril 2006, que d’autres sont également soupçonnés d’être à l’origine de réactions auto-immunes (allergies, diabète, arthrose etc.). Il a notamment été démontré à un niveau expérimental sur l’homme et les animaux de laboratoire que, parmi ces composés de Maillard, les glycotoxines de type CML (Carboxyméthyllysine) avaient une action pro inflammatoire chez les sujets diabétiques et provoquaient une augmentation notable du stress oxydatif, dont on sait aujourd’hui avec certitude qu’il est la cause directe des cancers et de nombreuses maladies dégénératives (accélération du vieillissement).

 

 

Le Docteur Vétérinaire australien Ian Billinghurst, auteur de plusieurs ouvrages sur l’alimentation canine à base de viande crue, estime ainsi que l’alimentation industrielle sèche pourrait être à l’origine de nombreuses manifestations allergiques ou pseudo allergiques chez le chien (eczéma, conjonctivite, chutes de poils etc.). « Il est possible que certains procédés de fabrication des aliments commerciaux pour animaux augmentent l’effet antigénique de certains ingrédients, reconnaissent les auteurs de Canine and Feline Nutrition, en poste au sein d’une grande firme d’aliments industriels pour chiens et chats. Ceci expliquerait que certains animaux domestiques au tempérament allergique tolèrent très bien les régimes ménagers mais développent une réponse allergique aux régimes commerciaux qui comprennent les mêmes ingrédients »2. L’AFSSA (devenu ANSES) confirme de son côté que le chauffage des aliments à de hautes températures présente un risque allergénique accru car les transformations chimiques qu’il induit créent des molécules étrangères (néo-antigènes) que le corps risque de rejeter.

Etant donné notre propre mode d’alimentation, lié à des préoccupations hygiéniques et gustatives, nous pouvons difficilement échapper à ces substances nocives, mais nous pouvons combattre leurs effets par la consommation de produits frais (fruits et légumes crus notamment) aux propriétés anti-oxydantes. Les aliments industriels pour animaux domestiques contiennent eux aussi des antioxydants, mais leurs effets protecteurs sur l’organisme sont beaucoup plus limités que ceux contenus dans les aliments frais (cf. Les additifs alimentaires).


 

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La cuisson a également pour effet la destruction de la totalité des enzymes des aliments crus (cf. rubrique Eléments de biologie Canine). Le magazine mensuel Nutranews, consacré à notre propre alimentation, publie dans son numéro de Novembre 2006 un article sur le rôle des enzymes dans l’organisme. Cet article s’appuie sur les travaux du Docteur Edward Howell, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur le sujet et tout premier chercheur à avoir mis en évidence l’importance des enzymes dans notre alimentation. En voici un extrait : « On a montré que des chiens, nourris avec une alimentation riche en hydrates de carbone et transformée par la chaleur, développaient des enzymes dans leur salive en une semaine en réponse à la pauvreté en enzymes de cette nourriture. Le Dr Edward Howell, dans son ouvrage « Enzyme Nutrition », cite ainsi de nombreuses études montrant que les animaux nourris avec une alimentation déficiente en enzymes souffraient d’une dilatation du pancréas. Pour faire face à une surcharge de travail, les organes se dilatent. C’est ce que fait le pancréas lorsque la digestion des aliments capte toute la capacité disponible de production d’enzymes, provoquant un déficit d’enzymes métaboliques. L’impact très important que le gaspillage d’enzymes pancréatiques peut avoir sur la santé et sur la vie elle-même a été établi dans des études animales. »


Tout cela ne signifie pas que la cuisson des aliments soit injustifiée (comme on l’a vu, elle a aussi un rôle sanitaire), mais que ses effets les plus nocifs doivent être combattus par le biais d’éléments régulateurs. Ainsi, un chien exclusivement nourri aux aliments industriels - et en particulier aux croquettes riches en hydrates de carbone et soumises à des traitements thermiques drastiques – doit se voir régulièrement proposé des compléments en antioxydants naturels (fruits crus, huile de tournesol) et enzymes alimentaires (vendus dans les boutiques de diététique ou présentes dans tous les aliments frais et crus) afin d’éviter l’accumulation du stress oxydatif dans son organisme, accumulation qui aboutira fréquemment à l’apparition précoce de maladies dégénératives.


2. Les additifs alimentaires


L’usage des additifs alimentaires incorporés dans les aliments pour animaux fabriqués et/ou commercialisés dans l’Espace Economique Européen est règlementé par la Directive du Conseil 70/524/CEE (2004). Les additifs alimentaires (consommation humaine et animale) agréés au niveau européen sont classés en 24 catégories. Les plus courants sont les colorants (E100 à E180), les conservateurs (E200 à 297), les antioxydants (E300 à E321), les agents de texture (E322 à E495) et les exhausteurs de goût (E620 à E641).


 

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Les conservateurs sont des substances artificiellement incorporées aux aliments pour neutraliser l’action des bactéries et de leurs propres enzymes (dans le cas de produits crus). Les procédés d’appertisation (mises en conserves) et de cuisson-extrusion (aliments secs) contribuent également à préserver les aliments des attaques de micro-organismes extérieurs. De récentes études tendent à démontrer que les conservateurs contenus dans les plats cuisinés prêts à l’emploi pour notre propre consommation pourraient être un facteur d’obésité chez l’être humain. Les conservateurs, en inhibant la dégradation des molécules alimentaires empêcheraient par la même l’organisme de transformer les lipides (graisses) en énergie. Ces graisses non utilisées seraient alors stockées par l’organisme dans les tissus et les artères, d’où un risque accru de surpoids et de maladies cardiovasculaires. Le chien et l’homme n’ont pas la même façon de métaboliser les graisses, qui sont la toute première source d’énergie chez le chien, alors que chez l’homme, ce rôle est joué par les glucides. On peut néanmoins s’interroger sur le rôle des conservateurs dans le développement ou le maintien d’un surpoids chez certains chiens nourris à l’aliment industriel et en particulier à l’aliment industriel humide. En effet, les conservateurs sont présents dans tous les aliments industriels humides pour animaux (conserves) et dans de nombreux aliments secs bas de gamme. Il faut en outre savoir que parmi ces conservateurs, les additifs E214 à E220 ont apporté la preuve de leur toxicité sur l’homme et l’animal3 (atteintes dermatologiques). Pour y échapper, il convient de s’intéresser aux distributeurs d’aliments secs haut de gamme (premium, super premium), dont une bonne partie propose désormais des produits garantis sans conservateurs ni colorants. Pour les trouver, il faut rechercher sur l’emballage la mention « garanti sans conservateurs ».

 

le sel, un additif incontournable
 

Bien que le sel (sodium) soit un nutriment à part entière, il est aussi utilisé par les fabricants – en particulier d’aliments secs - comme exhausteur de goût et conservateur naturel. Pour cette raison, le taux de sel de la majorité des aliments commerciaux pour animaux domestiques est très supérieur aux recommandations nutritionnelles des spécialistes. Le Docteur vétérinaire australien Ian Billinghurst estime par exemple que les aliments pour carnivores domestiques contiennent de 10 à 20 fois plus de sel que nécessaire. Les auteurs du guide à usage vétérinaire Canine and Feline Nutrition expliquent néanmoins que cet excès de sel est très bien toléré par les chiens, les études cliniques ayant démontré leur résistance naturelle à l’hypertension. L’excès de sel n’a donc pas de conséquence directe sur le système cardio-vasculaire de nos toutous.


Les aliments humides et semi humides contiennent des humectants, qui retiennent l’eau afin de conserver le moelleux de l’aliment. Parmi ces humectants on trouve le glycérol (graisses) et certaines formes de glucose (sucres). Ces additifs sont en soi inoffensifs et contribuent à la formation des sauces et gelées qui améliorent l’appétence des produits. Il n’en va pas de même avec les nitrites et nitrates de potassium et de sodium (E249 à E252), produits de synthèse dont les effets allergènes et cancérigènes ont été démontrés sur l’homme et les animaux. Ces substances sont pourtant parmi les conservateurs les plus fréquemment utilisés dans les aliments humides et semi humides pour animaux familiers.

 

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Certaines gommes (E412 à E414 et E4164), ainsi que les carraghénanes (E407), agents de texture pourtant d’origine naturelle (algues transformées) destinés à préserver le liant des aliments en conserve à base de viande et sous-produits de viande, ont elles aussi démontré leur toxicité sur le système digestif des animaux de laboratoire (ulcération des parois digestives et tumeurs du côlon chez le cobaye et le rat) et sur le derme des êtres humains (réactions allergiques, inflammation des muqueuses).


Les colorants synthétiques, quant à eux, sont les additifs les plus largement employés dans les aliments humides et semi humides pour animaux : ce sont eux qui donnent à l’aliment l’appétissante couleur rosée à rouge brique censée rappeler à l’acheteur l’aspect de la viande fraîche. La plupart de ces colorants ont pourtant démontré leur nocivité sur l’organisme animal et humain au cours d’études cliniques à grande échelle. L’érythrosine (E127) et le rouge cochenille (E124) peuvent déclencher de violentes réactions allergiques et sont même suspectés d’avoir des propriétés cancérigènes. Pour Paul Lannoye, membre de la Commission Européenne Santé Environnement et Protection des Consommateurs et auteur du « Guide des additifs alimentaires. Les précautions à prendre », la totalité des colorants de synthèse devraient purement et simplement être interdits d’utilisation dans le domaine agroalimentaire. Il précise que l’usage de colorants naturels a priori inoffensifs, comme la cochenille (E120) ou le bêta carotène (E160A), n’est pas en soi une garantie d’innocuité : certains solvants toxiques peuvent être utilisés pour leur extraction. Concernant les colorants alimentaires, la prudence est donc de mise.


 

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Les antioxydants (ou antioxygènes) se divisent en deux grandes familles : les antioxydants dits endogènes, produits par l’organisme, et les antioxydants dits exogènes, contenus dans l’alimentation. Les antioxydants utilisés dans les aliments pour animaux domestiques appartiennent à la seconde catégorie. Les antioxydants sont les additifs les plus largement utilisés en alimentation animale car ils sont indispensables à la protection des aliments.

Ils ont pour fonction première de protéger les graisses alimentaires du rancissement, responsable de la détérioration du produit (goût et couleur) et du développement d’éléments toxiques comme les radicaux libres (appelés aussi pro oxydants). Lorsque les radicaux libres ne sont pas neutralisés par la présence d’antioxydants en quantité suffisante, ils produisent du stress oxydatif. On sait aujourd’hui que le stress oxydatif est la cause directe des cancers. Il accélère le vieillissement des cellules de l’organisme et le développement des maladies dégénératives qui y sont associées (arthrose, diabète, cancer, etc.). Il est également un facteur aggravant dans l’apparition de troubles cardio-vasculaires.

Chez l’homme, les principales causes de développement des radicaux libres dans l’organisme sont l’alimentation (produits surcuits ou oxydés par une exposition prolongée à l’air libre), la consommation d’alcool, le tabac, l’effort physique intense et le stress.

Les antioxydants utilisés dans les aliments commerciaux pour animaux sont généralement qualifiés de « synthétiques » ou de « naturels ». En réalité, il n’existe aucune réelle différence de fabrication entre les deux : les antioxydants dits « synthétiques » sont des substances chimiques qui n’existent pas à l’état naturel, alors que les antioxydants dits « naturels » sont souvent des dérivés artificiels de vitamines naturelles (autrement dit des vitamines synthétiques). Les deux appellations désignent donc des produits de synthèse, dont l’utilisation est règlementée par la Communauté Economique Européenne.

En alimentation animale préfabriquée, les antioxydants dits synthétiques sont les plus utilisés. Ces derniers sont appréciés pour leur excellent pouvoir conservateur et leur coût modéré. Moins utilisés en quantité et en fréquence, en raison de leur instabilité et de leur coût élevé, les antioxydants dits « naturels » sont généralement utilisés en association avec les antioxydants synthétiques, dont ils renforcent le pouvoir conservateur.


 

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Quelle différence d’effet existe-il entre les antioxydants synthétiques et les vitamines naturelles ou de synthèse ? Les antioxydants synthétiques utilisés dans les aliments commerciaux pour animaux limitent l’apport des radicaux libres par l’alimentation mais n’aident pas à lutter contre les autres sources de radicaux libres, car ils n’agissent que sur les graisses de l’aliment (rôle de conservateur) et non directement sur les cellules de l’organisme. Les antioxydants vitaminiques, à l’inverse, jouent un rôle protecteur sur les cellules de l’organisme : ils renforcent l’action du système immunitaire et luttent contre l’apparition du stress oxydatif. Parmi ces vitamines, les plus efficaces sont l’acide ascorbique (vitamine C), dont l’action anti cancer a été scientifiquement prouvée, et les tocophérols (vitamine E), eux aussi reconnus pour leur efficacité dans la lutte contre le stress oxydatif (diminution entre autres des risques cardio-vasculaires). De manière générale, les antioxydants naturels (vitamines A, C, E, poly phénols, oligoéléments etc.) contribuent à une baisse de la mortalité chez les sujets qui en consomment régulièrement via leur alimentation.

Le problème posé par l’usage des vitamines dans les aliments industriels est leur manque de résistance aux différents traitements de l’aliment (broyage, cuisson, extrusion) et leur coût d’utilisation élevé. La vitamine C, très fragile, est particulièrement difficile à synthétiser et à incorporer dans les aliments pour animaux domestiques, en raison de son manque de résistance à la chaleur et du fait que, contrairement à la vitamine E, elle n’est pas soluble dans les graisses (liposoluble), mais se dilue dans l’eau (hydrosoluble). Il est donc particulièrement malaisé de l’utiliser dans la conservation des graisses. En revanche, il a été prouvé qu’elle renforçait l’action d’autres antioxydants, comme le BHT (cf. § suivant sur les antioxydants de synthèse) et la vitamine E. La vitamine E, beaucoup plus résistante que la vitamine C, est plus simple d’utilisation. Son usage est donc plus fréquent. Malgré tout, l’usage des antioxydants dits « naturels » dans les aliments pour animaux domestiques reste très restreint. Indépendamment de leur coût élevé, la recherche a démontré que les vitamines de synthèse étaient en moyenne 100 fois moins efficaces que les vitamines contenues à l’état naturel dans les aliments non transformés. Leur effet protecteur sur les graisses (comme sur l’organisme) reste donc limité.

Ainsi que l’explique le Docteur Paule Martel, coordinatrice du réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRE), ce phénomène est lié au fait que les vitamines des aliments ne fonctionnent pas de manière autonome mais interagissent avec l’ensemble des micronutriments qu’elles côtoient. Voilà pourquoi les médecins nutritionnistes insistent sur le fait que la prise de complexes vitaminés ne remplacera jamais la consommation de produits naturellement riches en antioxydants, comme les fruits et les légumes crus, par exemple.


 

 

Ajoutons à cela que plusieurs de ces vitamines de synthèse sont considérées par la communauté scientifique comme potentiellement dangereuses. Certaines d’entre elles (bêta carotène, vitamine C associée au fer) auraient notamment une activité pro oxydante favorisant le développement de cancers des voies aériennes et digestives (bouche, pharynx, œsophage, foie, poumon, estomac, côlon, rectum). La ménadione, ou vitamine K3, est quant à elle définitivement répertoriée comme substance nocive. Cette vitamine, qui n’existe pas à l’état naturel, est la forme synthétique des vitamines K1 et K2. Parfois utilisée par les fabricants de haut de gamme alimentaire pour chiens et chats, cette vitamine est connue pour ses effets toxiques sur le foie, à telle enseigne qu’elle a été strictement interdite dans les aliments destinés à la consommation humaine en Allemagne et aux Etats Unis .

Les antioxydants dits « synthétiques », quant à eux, conservent l’intégrité des graisses de manière idéale. Faciles à fabriquer, efficaces, peu onéreux, ils sont plébiscités par l’immense majorité des fabricants. Les plus utilisés, comme le BHA7 (E320) et le BHT8 (E321), présentent cependant l’inconvénient majeur d’avoir des propriétés toxiques sur l’organisme et font actuellement l’objet de mesures restrictives au niveau européen. En plus du BHA (Hydroxy Anisole Butylé) et du BHT (Hydroxy Toluène Butylé), on trouve dans de très nombreux aliments pour animaux domestiques des antioxydants aux propriétés toxiques pour les organes digestifs, les reins ou le système immunitaire (E310 à E316, E385 - interdit en Australie5). Si malgré sa mauvaise presse, liée à une confusion avec l’éthylène glycol, le propylène glycol (utilisé dans les aliments semi humides essentiellement) n’a jamais démontré de propriétés toxiques, il n’en va pas de même pour l’éthoxyquin (interdit à la consommation humaine), fréquemment utilisé en alimentation animale, mais aussi comme insecticide et fongicide ! Les recherches en cours tendent à démontrer la nécessité sanitaire d’interdire purement et simplement l’usage de tels additifs – présents dans un grand nombre de produits de consommation courante pour ce qui est du BHA et du BHT : aliments pour animaux mais aussi plats cuisinés, cosmétiques, boissons, emballage etc. - mais les intérêts économiques en jeu dans le milieu industriel sont tels que la Communauté Européenne ne veut et ne peut pour l’instant les interdire (elle se contente de fixer des normes limitatives). En effet, il n’existe actuellement aucun procédé alternatif fiable de conservation des aliments ou de stabilisation des vitamines dans les produits cuits et extrudés.


 

source : http://flickr.com/, auteur : camelia twu
 

Très rares sont donc aujourd’hui les producteurs de petfood à pouvoir se passer de ces agents conservateurs, tant la préservation des vitamines strictement naturelles dans les aliments cuits est délicate. Certains y parviennent malgré tout par l’utilisation d’huiles végétales de haute qualité naturellement riches en agents antioxydants (vitamines E et poly phénols) incorporées à froid – comme l’huile d’olive, l’huile de noix ou l’huile de graines de maïs - mais la production d’un aliment industriel hygiéniquement sûr, à la formule nutritionnelle stable et dénué d’additifs synthétiques demande un investissement financier important qui se répercute automatiquement sur le prix de vente du produit fini. Il convient pourtant d’encourager producteurs et consommateurs dans cette voie : si les fabricants de produits garantis sans additifs synthétiques rencontrent leurs acheteurs, peu à peu le marché s’ouvrira et l’alimentation industrielle pour animaux domestiques de qualité se démocratisera.

En l’état actuel de nos connaissances scientifiques sur les additifs antioxydants, seule la vitamine E (naturelle ou de synthèse) peut être considérée tout à la fois comme stable, efficace dans la préservation des graisses, protectrice pour les cellules de l’organisme et sans effet secondaire indésirable. Elle sera donc à privilégier à toutes les autres formes d’antioxydants lors du choix de l’aliment (rechercher les mentions de type « garanti sans additif chimique » ou « préservé avec de la vitamine E »). Les mentions imprécises de type « additifs CEE » doivent quant à elles être considérées comme hautement suspectes. Elles cachent presque à coup sûr l’usage de produits de synthèse nocifs, comme l’éthoxyquin, le BHA et le BHT.


La majorité de ces additifs alimentaires se rencontrent également dans les préparations culinaires industrielles destinées à notre propre consommation, mais le risque lié à une consommation occasionnelle de ces substances est purement hypothétique. En effet, leur toxicité n’est avérée qu’à des doses élevées. C’est une des raisons pour lesquelles les nutritionnistes déconseillent la consommation excessive de conserves et de plats cuisinés. Le problème des additifs contenus dans les aliments pour animaux est qu’ils sont consommés quotidiennement par nos chiens et chats domestiques, qui les stockent dans leur organisme et s’exposent alors à un lent empoisonnement de leurs cellules.


                                               
                             image extraite d'un emballage d'aliment sec pour chien


On comprend donc l’importance de préférer les aliments industriels comprenant le moins possible de ces additifs. Cette sélectivité exclut d’emblée les aliments humides et semi humides, dont on a vu qu’ils contenaient une très grande quantité d’additifs de différentes natures. Les aliments secs, quant à eux, seront idéalement choisis avec les mentions suivantes indiquées en clair sur l’emballage : « garantis sans conservateurs, sans colorants et sans arômes artificiels ».

Attention, la mention « bio » ou « produit issu de l’agriculture biologique » ne garantit pas l’absence d’additifs synthétiques ou de solvants dans les additifs naturels. Bien qu’il existe en France depuis l’année 2004 un cahier des charges établi par le Ministère de l’Agriculture pour régir la production des « aliments pour animaux de compagnie a base de matières premières issues du mode de production biologique », ce dernier précise qu’en l’absence de solutions alternatives, l’usage des vitamines de synthèse et des antioxydants de type BHA et BHT est autorisé.


Je conclurai cet article par un sérieux « coup de gueule » et une mise en garde des propriétaires de chiens. Deux arguments pseudo scientifiques sont utilisés par les fabricants depuis l’avènement de l’industrie alimentaire pour animaux de compagnie, dans le seul but de s’assurer une fidélité « ad vitam æternam » des acheteurs à leur marque : « les chiens ne supportent pas le changement d’alimentation » et « il ne faut surtout rien ajouter à une ration industrielle sous peine de créer un déséquilibre alimentaire ». La persévérance et la force de persuasion des producteurs sont telles que bon nombre de vétérinaires eux-mêmes approuvent et relaient ce discours, que je n’hésiterai pas à qualifier de criminel en ce qui concerne le second argument ! Un chien nourri à l’aliment industriel, même conservé à base de vitamine E, doit impérativement se voir proposer régulièrement une petite quantité d’aliments crus riches en antioxydants (un quartier de fruit chaque jour, quelques pelures de légumes crus en purée ou 100 à 200g de viande crue sur la semaine, par exemple) pour le bon fonctionnement de son système immunitaire et de son activité cellulaire. C’est le seul moyen de permettre à son organisme de lutter efficacement contre le stress oxydatif et par la même d’accroître son espérance de vie. Cela est d’autant plus vrai si l’animal a une activité sportive, génératrice de radicaux libres en quantité importante. Quant à la notion de variété alimentaire, le chien n’a certes pas « besoin » de variété alimentaire mais cela ne signifie nullement que cette dernière lui soit nocive, dans une certaine limite, bien entendu (puisqu'on a vu que la flore bactérienne du chien était moins importante que la nôtre). La FACCO elle-même (Fabricants d’Aliments pour Chiens, Chats et Oiseaux) recommande sur son site Internet de « ne pas hésiter à varier les repas et à changer de recette si vous constatez une certaine lassitude ».

 

source : http://flickr.com/, auteur : bogart handsome devil
 

3. Le Choix des matières premières : matières animales, matières végétales (OGM, mycotoxines, métaux lourds) et farines


L’origine et la nature des matières premières animales autorisées dans les aliments commerciaux pour animaux domestiques fabriqués ou distribués dans les pays de la Communauté Economique Européenne sont définies par les règlements de la Commission Européenne. Ces règlements garantissent à l’acheteur qu’aucun produit ou sous-produit animal potentiellement à risque n’est utilisé pour la fabrication des aliments de son compagnon domestique. En effet, seuls les animaux ou parties d’animaux prélevées sur des carcasses déclarées propres à la consommation humaine sont exploitées. Ainsi, la législation européenne interdit rigoureusement l’utilisation en alimentation animale de produits ou sous-produits issus de l’équarrissage, d’un abattage d’animaux de rente malades ou d’animaux sauvages dont la cause du décès est inconnue. Dans cette même logique de sécurité sanitaire, les sous-produits autorisés excluent toute matière présentant « un risque pour la santé humaine ou animale », dont les ganglions, le contenu des boyaux (fèces) et le contenu de la vessie (urine). Le sang, les coquilles d’œuf, les plumes, les cornes, les sabots, les soies, la laine et la peau sont utilisables dans l’alimentation canine dès lors qu’ils ont fourni la preuve de leur innocuité. La France a par ailleurs assorti ces mesures européennes d’un cahier des charges gouvernemental propre aux aliments pour animaux domestiques arborant le label « bio » ou « éco » (aliments issus de l’agriculture biologique). Précisons enfin que les abattoirs français sont parmi les plus contrôlés d’Europe en terme d’hygiène et de sécurité sanitaire.



 


Reste malgré tout le problème des farines animales parfois incorporées aux aliments pour carnivores domestiques. Soumises aux mêmes exigences que tout autre matière animale sur le plan règlementaire, leur traçabilité laisse encore à désirer lorsqu’il s’agit de farines d’importation. Un rapport de commission d’enquête déposé devant le Sénat français le 11 mai 2001 fait précisément état de la difficulté à identifier la composition et l’usage de ces farines importées :
« La nomenclature combinée tarifaire européenne à 8 chiffres (NC8), qui désigne le produit sur ces déclarations, reprend le plus souvent les produits par grande famille et ne donne pas toute la précision voulue sur les marchandises échangées. La notion de farines animales carnées, de viande et d'os, correspond ainsi à deux codes particuliers :
- le code 02 10 90 90 comprend les « farines en poudre comestibles de viande ou d'abats ». Ces farines peuvent être indifféremment issues des espèces bovines, porcines, ovines... ;
- le code 23 01 10 00 comprend les « farines, poudres et agglomérés sous forme de pellets de viandes ou d'abats ». Cette position tarifaire relève du chapitre 23 de la nomenclature européenne consacré aux résidus et déchets des industries alimentaires et aliments préparés pour animaux. C'est la position la plus spécifique pour les farines animales, sans qu'elle permette d'identifier s'il s'agit de viande bovine, ovine, caprine ou de volaille, y compris les plumes.
Compte tenu de cette nomenclature douanière communautaire, il n'est pas possible de distinguer par les seules statistiques la composition des farines importées. Seuls les contrôles en entreprises, sur la base des factures et le cas échéant de demandes de renseignement aux Etats exportateurs ont permis de préciser la nature de ces farines.
En outre, la nomenclature douanière ne précise pas en général la destination ou l'utilisation des produits dans ses libellés. »

Comme on l’a vu sur la page « Déchiffrer une information produit » (rubrique Alimentation Commerciale), les farines sont de toute façon qualitativement moins intéressantes que la viande fraîche. Les aliments à base de viande fraîche seront donc à préférer aux aliments à base de farine animale.

Les matières végétales utilisées dans les aliments industriels pour animaux domestiques sont les résidus de notre propre production agro-alimentaire. Cela signifie d’une part que les conditions dans lesquelles elles ont été cultivées et récoltées sont les mêmes que pour les matières végétales destinées à notre propre consommation. Mais cela signifie d’autre part qu’une partie de ces résidus contient des éléments potentiellement nocifs, puisqu’un taux de pesticides ou d’herbicides supérieur à la norme sanitaire acceptable en consommation humaine est un des motifs de reclassement des matières végétales dans la filière de production pour animaux domestiques. Parmi ces matières végétales, les céréales sont les plus utilisées en raison de leur faible coût de revient, de leur teneur en protéines et de leur teneur en fibres. Les plus digestes pour le chien sont le riz et le maïs. Les moins digestes sont le blé et le soja. Pour ce qui est des autres matières premières d’origine végétale sources de fibres et de protéines, les plus fréquemment utilisés sont la betterave (légume) et la pomme de terre (tubercule), présentant toutes deux une excellente digestibilité. Des métaux lourds toxiques, comme le Cadmium et le Plomb, se retrouvent fréquemment dans tous les produits issus de l'élevage ou de l'agriculture. Ainsi que nous le précise la FACCO, des teneurs maximales ont été fixées dans les aliments pour animaux familiers par la Directive Européenne 2005/87. Il en va de même pour les pesticides et les insecticides, présents en quantité importante dans les produits agricoles: des teneurs maximales autorisées dans les aliments pour animaux domestiques, plus importantes que celles autorisées pour les produits destinés à la consommation humaine, ont été fixées par la Directive Européenne 2006/77.


 

le blé, céréale très utilisée dans les aliments secs pour chiens


Comme l’a mis en évidence une enquête publiée par le Stiftung Warentest (une association de consommateurs allemands) en septembre 2006, il est très fréquent de trouver des mycotoxines dans les aliments pour animaux de compagnie (mais aussi, ce qui est plus grave, dans les céréales pour petits-déjeuners !). Ces toxines sont sécrétées par des champignons, qui se développent sur les végétaux, avec une très nette prédilection pour les céréales. L’Université Louis Pasteur de Strasbourg estime que 90% des contaminations aux aflatoxines (mycotoxines les plus dangereuses) concernent le blé et le maïs, largement utilisés en alimentation sèche pour animaux domestiques. La contamination des céréales par des mycotoxines au cours du stockage est courante mais difficile à détecter. L’AFSSA nous indique que ces mycotoxines résistent à une température de 250° et ne sont pas ou peu altérées par les procédés de déshydratation et de stérilisation. Elles se retrouvent donc en quantité plus ou moins élevée dans la gamelle de la majorité des chiens nourris à l’alimentation commerciale sèche. Il existe différentes sortes de mycotoxines, toutes toxiques pour les animaux monogastriques (dont l’homme et le chien). Certaines ont un effet toxique sur le foie et les reins, d’autres s’attaquent au système neurologique ou provoquent des dermatoses, d’autres encore, comme les aflatoxines, ont des propriétés mutagènes et cancérigènes (un agent est dit « mutagène » lorsqu’il est capable de provoquer la mutation d’un gêne et donc de pervertir l’information qu’il contient : selon les gènes affectés, il peut favoriser le développement de maladies auto-immunes et de cancers, provoquer des fausses couches ou aboutir à des maladies génétiques). A quelle dose ses substances sont-elles dangereuses pour les chiens ? En fait, nous n’en savons rien. Chez l’être humain, il a été avéré que la consommation de certaines de ces aflatoxines (heureusement rarissimes), même en très faible quantité, entraînait un empoisonnement immédiat avec risque mortel. Si la recherche a mis en évidence le fait que toutes les mycotoxines étaient dangereuses, les études se poursuivent pour isoler chacune de ces levures et évaluer dans le temps son impact réel sur la santé. En l’état actuel de nos connaissances, on suppose que la majorité des mycotoxines ne deviennent dangereuses que lorsqu’elles s’accumulent dans l’organisme. Lorsqu’on nourrit son chien avec un aliment sec, la meilleure façon de limiter les risques de contamination est donc de préférer un produit à base de riz, beaucoup moins touché par ces toxines que des céréales comme l’orge, l’avoine, le blé et le maïs.

 

usine de fabrication d'aliments pour animaux domestiques
source : http://flickr.com/, auteur : the g


 

Sachez enfin que si vous êtes opposé à la consommation d’OGM, vous n’aurez pas d’autre choix que de vous tourner vers un aliment labellisé « bio ». En effet, dans son n° 357 de janvier 2002, le magazine 60 Millions de Consommateurs nous explique que sur 9 aliments pour animaux domestiques testés, 9 contenaient des traces d’OGM, dont un au delà du 1% légal à partir duquel la présence d’OGM doit être signalée sur l’emballage.

 


1. Genèse des matières protéiques et des matières humiques in 8°, XI, 423 pages, éditions MASSON, 1913

2. NDA : traduit de l'anglais en français par l'auteur

3. UFC Que Choisir, N° du 26/08/03

4. UFC Que Choisir, N° 26/08/03

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5. UFC Que choisir N° du 26/08/03
 



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